French Translation

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Allegro

Après une journée noire, je joue du Haydn,
et je ressens un peu de chaleur dans mes mains.
Les touches sont prêtes. Les gentils marteaux tombent.
Le son est vif, vert, et plein de silence.
Le son dit que la liberté existe
et que quelqu’un ne paie pas d’impôt à César.

Je mets mes mains dans mes poches pleines de Haydn
et j’agis comme un homme qui reste serein à tout cela.
Je hisse mon drapeau de Haydn. Le signal est :
« Nous ne nous rendrons pas. Mais nous voulons la paix. »
La musique est une maison de verre debout sur une pente ;
Les rochers volent, les rochers roulent.
Les rochers roulent tout droit à travers la maison
mais chaque panneau de verre est toujours intact.

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Sous Zéro

Nous sommes à une fête qui ne nous aime pas. Enfin la fête rejette son masque et se montre pour ce qu’elle est vraiment:
une gare de triage, un froid gigantesque se tient sur des rails dans la brume.
Un morceau de craie a tagué les portes des wagons de marchandises.

Cela ne doit pas être dit, mais il y a ici beaucoup de violence étouffée. C’est pourquoi les détails sont si lourds.
Et pourquoi il est si difficile de voir que toute autre chose existe aussi: un éclat de soleil réverbéré se déplace à travers
le mur de la maison et se glisse à travers la forêt inconsciente des visages vacillants,
aucun texte de la Bible n’a rapporté ceci: «Venez à moi, car je suis aussi lourd de contradictions que vous-même.

Demain, je vais aller travailler dans une autre ville. Je m’enfuis de là à l’heure du matin, qui est un cylindre bleu-noir.
Orion plane au-dessus du sol gelé. Des enfants se tiennent dans une foule silencieuse, attendant le car de ramassage,
des enfants pour qui personne ne prie. La lumière grandit lentement, comme nos cheveux.

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Le Couple

Ils éteignent la lumière et son ombre blanche
luit un moment avant de se dissoudre
comme un comprimé dans un verre d’obscurité. Puis vers le haut.
Les murs de l’hôtel s’élèvent dans le ciel noir.
Les mouvements de l’amour se sont installés, et ils dorment
mais leurs pensées les plus secrètes ne se rejoignent que lorsque
deux couleurs se rencontrent et s’écoulent l’une dans l’autre.
sur le papier mouillé d’une peinture d’écolier.
Il fait sombre et silence. Mais la ville s’est traînée encore plus près
ce soir. Avec des fenêtres détrempées. Les maisons se sont rapprochées.
Ils se tiennent tout près en une foule, une attente,
une masse dont les visages n’ont aucune expression.

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Oeuvres complètes (1954 -1996) Tomas Tranströmer

Ttraduit du suédois par Jacques Outin, Paris, Le Castor Astral, 2004